La spéléologie

Préambule

C'est prosaïquement l'action de l'eau, dans les reliefs karstiques, qui va créer un monde souterrain complexe et fantastique.
Les cavités souterraines et les grottes naturelles, générées par un lent et patient travail d'érosion, ont longtemps servi d'abris aux hommes, depuis le magdalénien, avec ses merveilles de grottes peintes et ses roches gravées, soit 10 000 ans avant notre ère.
Puis ces protections naturelles serviront d'habitats et de lieux de culte durant le néolithique.
Et ensuite...

Sommaire :

- Une exploration de curiosité, puis scientifique des cavités
- 1888 - La naissance en France de la spéléologie
- Édouard-Alfred Martel
- Le rôle du Club Alpin
- 1895 - La Société de spéléologie
- Quelques dates marquantes jusqu'en 1914
- Après la Grande Guerre
- 1930 - Le Spéléo-club de France
- Le début de la spéléologie sportive
- 1936 - La Société spéléologique de France
- 1936 - Le Spéléo-club de Paris
- Les gouffres les plus notoires explorés entre 1920 et 1940
- Pendant la seconde guerre mondiale
- Les techniques nouvelles
- 1963 - La Fédération Française de Spéléologie
- 1969 - Création de l'École Française de Spéléologie
- 1997 - Une histoire de la spéléologie
- Aujourd'hui
- Quelques dates marquantes dans les reconnaissances souterraines depuis 1940

NB : ce dossier consacré à la spéléologie ne concerne pour l'essentiel que les initiatives intéressant le sous-sol du territoire national.

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UNE EXPLORATION DE CURIOSITÉ, PUIS SCIENTIFIQUE DES CAVITÉS

Il y a eu d'abord des initiatives conduites par la curiosité et l'aventure.
Comme celle de Benoît-Joseph Marsollier des Vivetières en 1780 qui se livre à une première reconnaissance dans un abîme du sous-sol de France, la grotte des Demoiselles (Hérault), il fera le récit de son aventure en 1785.

Les incursions d'intérêt scientifique sont beaucoup plus récentes. L'approche raisonnée du monde souterrain, avec la visite méthodique et la cartographie des gouffres des sous-sols, va commencer dans la partie slovène de l'Empire austro-hongrois, au milieu du XIXe siècle. Entre 1850 et 1857, l'Autrichien Adolf Schmidl explore la grotte de Postojna en Slovénie (grotte d'Adelsberg à cette époque), connue depuis le quaternaire, et réalise sa description, parue dans le Guide de la grotte d'Adelsberg et des grottes voisines du Karst (1853), l'ouvrage sera traduit en français en 1854. C'est la première description objective d'une caverne, un ouvrage fondateur pour la spéléologie.

 

 

Les motivations qui animaient les premiers spéléologues étaient de révéler un monde inconnu, qu'ils s'appliqueront à décrire et à cartographier, en apportant leurs observations sur la géologie et l'hydrologie, c'était une démarche scientifique. Ce n'est que plus tard que l'aspect sportif sera mis en avant. 

En 1879, Édouard-Alfred Martel visite la grotte d'Adelsberg, qui déterminera sa vocation.

1888 - LA NAISSANCE EN FRANCE DE LA SPÉLÉOLOGIE

Les explorations de la grotte de Dargilan (Lozère) et de la rivière souterraine du Bramabiau (Gard), par Édouard-Alfred Martel et ses compagnons, dans le même mois de juin 1888, marquent le début de la spéléologie moderne en France.

On considère qu'Édouard-Alfred Martel (1859-1938) - membre éminent du Club Alpin Français - a été le père fondateur en France de cette discipline naissante. En lui consacrant une bonne partie de sa vie, il a été celui qui a contribué le plus à la faire connaître, d'abord dans le cadre du Club Alpin, en s'appuyant sur sa structure de société savante, et en diffusant cette pratique dans les Annuaires du Club Alpin dès 1888, puis en créant la Société de spéléologie en 1895.

Les revues qui publieront les activités des premiers spéléologues seront : La Nature, l'Annuaire du Club Alpin Français, le Bulletin de la Société de géographie, et ensuite le bulletin consacré Spelunca de la Société de spéléologie.

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ÉDOUARD-ALFRED MARTEL

Succédant à Alphonse Lequeutre, qui compta parmi les membres fondateurs de notre association, et révéla au public les gorges du Tarn, de la Jonte, de la Dourbie, de la Vis, de l'Hérault et les étrangetés du pays des Causses, Édouard-Alfred Martel va - de 1883 à 1892 - découvrir et étudier les mystères des avens ou gouffres naturels de la région. Il publie un ouvrage d'ensemble « Les Cévennes et la région des Causses » en 1890, qui connut de nombreuses éditions.

Martel tiendra pendant plusieurs années une chronique, intitulée « Sous terre », des découvertes faites lui-même et par ses compagnons dans les Annuaires du Club Alpin Français, puis publiera plusieurs comptes rendus spécifiques jusqu'à la Grande Guerre.
Il créera la Société de spéléologie en 1895.
Il a découvert, reconnu ou exploré plus de 1500 cavités.
Il est l'auteur d'une théorie générale se rapportant aux reliefs karstiques, en invitant à suivre le chemin de l'eau : « tout écoulement souterrain a une origine et une sortie, l'ensemble des écoulements souterrains constitue un système hydrogéologique, tout écoulement souterrain rencontré appartient à un système hydrogéologique », une théorie qui devra plus tard être reconsidérée, même si « suivre le chemin de l'eau » reste une explication simple, de première approche, pour une vulgarisation.

En 1894, Martel donnera un ouvrage capital sur les grottes, gouffres et autres, avec « Les Abîmes ».

L'hygiène des sources

C'est après une intoxication, survenue pendant une de ses explorations, que Martel constatera que l'hygiène des sources n'est pas assurée en terrain calcaire. En 1891, il va alerter les pouvoirs publics pour obtenir la protection des eaux potables et du périmètre d'alimentation, et son expertise sera plus tard recherchée, en sa qualité de membre des Conseils supérieurs d'hygiène publique de France, des eaux des Armées et de la Marine.

En 1900, Édouard-Alfred Martel édite un Manuel de spéléologie (collection Scientia, Paris, 1900), et en 1905, un recensement des recherches souterraines de 1901 à 1905 « La Spéléologie au XXe siècle » (SSF - Paris, 1905)

Avec des compagnons, il réalisera, au moyen de canots légers de toile et de bois, la première descente des gorges du Verdon, depuis le couloir Sanson du 11 au 14 août 1905, jusqu'au débouché des gorges, sous la localité d'Aiguines.

Le matériel d'exploration

Au début, les puits verticaux seront des obstacles qu'il faudra apprivoiser. Les descentes et remontées se font d'abord à l'aide d'une escarpolette, reliée par une corde à un treuil manuel, ou par la traction de six hommes.
La descente des puits exigeait la présence d'assistants à chaque étage de la descente, pour les manœuvres.
Martel améliorera les méthodes de progression, en développant les échelles souples de cordes à barreaux de bois. Il adaptera le téléphone pour l'utiliser dans ses investigations.

Un élément crucial

L'éclairage a été l'élément crucial pour s'aventurer dans les cavernes, d'abord des torches en genévrier cade qui contient naturellement des hydrocarbures et des phénols. La bougie fixée sur le chapeau, la combustion d'un filament de magnésium, la lampe à magnésium avec réflecteur, puis la lampe-tempête à huile et à pétrole seront les premiers moyens utilisés.

La lampe à carbure, avec comme source lumineuse la flamme de la combustion du gaz acétylène, provoquée par la réaction du carbure de calcium avec de l'eau (les deux éléments étant contenus dans le boitier de la lampe), sera l'outil le mieux adapté, utilisé par tous ceux qui voyagent sous terre.

Les égoutiers et les mineurs (sauf dans les mines de charbon) seront les grands utilisateurs de ces appareils d'éclairage, que les spéléologues adapteront à leurs besoins. Ensuite les batteries électriques viendront en complément.

LE RÔLE DU CLUB ALPIN FRANÇAIS

Dès les origines de la spéléologie en France, le Club Alpin montrera un grand intérêt pour cette activité souterraine, située au carrefour des démarches sportives et scientifiques qu'il encourage.

D'abord en ouvrant les colonnes de ses publications :

« Les Annuaires constituent un outil de diffusion ouvert aux différents courants qui animent le milieu montagnard. De ce fait, la rubrique scientifique couvre un large spectre : Géologie, Géomorphologie, Glaciologie, Spéléologie, Orographie, Météorologie, Topographie et Cartographie…

La rubrique scientifique des Annuaires assure un double rôle de révélateur et de coordination, par la visibilité que confère la publication, et l'effet structurant qui y est associé ».

Ensuite, en offrant une tribune remarquable aux précurseurs et notamment à Édouard-Alfred Martel et à sa chronique « Sous terre » dans ses Annuaires, et depuis, en accordant un intérêt jamais démenti à cette activité.

Sa vocation d'association fédérative de multiactivité, le dynamisme de certaines de ses Sections et l'appui de ses scientifiques les plus autorisés, plus tard réunis dans ses Commissions scientifiques, feront de notre instance un indiscutable partenaire.

Un Comité de spéléologues existe au sein de la Section de Paris du Club Alpin, animé par Edmond Renauld, et des groupes actifs sont constitués dans les Sections de Lons-le-Saunier et de Lozère et Causses. Entre 1890 et 1899, trois campagnes d'exploration sont conduites par les groupes des Sections de Paris et de Lons-le-Saunier dans les cavernes du Jura.
En 1890, le Club Alpin fait réaliser un premier aménagement de la grotte de Dargilan.

En 1895, l'Alpine Club qualifie d'alpinisme à l'envers « mountaineering reversed » l'investigation des sous-sols.

Des interventions opportunes

Édouard-Alfred Martel, en plus de ses recherches et de ses découvertes souterraines, interviendra dans les instances du Club Alpin en plusieurs occasions :

- en exposant les règles de protection des eaux consommables en montagne, dans un article « La protection des eaux potables » paru dans « La Montagne » 1911
- en réalisant une étude sur la question des Parcs nationaux, publiée dans La Montagne, 1913. Dans un texte très documenté, il dresse la liste des sites remarquables en France qui mériteraient une protection (voir les dossiers du CFD : Un historique du Club Alpin Français).

1895 - LA SOCIÉTÉ DE SPÉLÉOLOGIE

La Société de spéléologie est fondée le 1ᵉʳ février 1895, par Édouard-Alfred Martel. C'est une association regroupant des personnes physiques, les deux Sections du Club Alpin Français de Lons-le-Saunier et de Lozère et Causses, le Club Cévenol, la Section meusienne de la Société de géographie de Bar-le-Duc et une société savante de cette ville.

« La Société de spéléologie est instituée pour assurer l'exploration, faciliter l'étude générale et concourir à l'aménagement ou à la mise en valeur des cavités souterraines de toutes sortes, connues ou inconnues, soit naturelles, soit artificielles ; pour encourager et subventionner les investigations qui s'y rapportent d'une manière quelconque ; en un mot, pour vulgariser et développer, dans un intérêt à la fois pratique et théorique, utilitaire et scientifique, les recherches de toute nature dans l'intérieur de la terre ».

Un bulletin particulier Spelunca de la Société de spéléologie viendra remplacer les chroniques de Martel dans les Annuaires du Club Alpin Français. Cette première publication autonome paraîtra de 1895 à 1914.
À ce moment-là, en France, avec les recherches de Martel et de quelques autres, les grottes les plus accessibles sont repérées, visitées et - en partie - explorées.

Des noms divers et variés

Les cavités souterraines seront l'objet de nombreuses appellations, principalement et heureusement d'origines locales, pour définir ces accidents naturels : abîme, aven, chourum, embut, évent, fosse, gouffre, goule, grotte, igue, lézine, puits, quèbe, scialet, tanne, tindoul, et encore plus prosaïquement trou.
En 1909, un rapport de Martel et Henry Thierry avait recueilli les noms locaux donnés aux gouffres d'absorption et aux fissures du sol, il sera complété en 1910 (voir La Montagne).

Ensuite pour l'attribution du nom approprié qui désignera précisément la cavité naturelle découverte, c'est parfois encore l'origine locale, qui sera retenue quand elle est de notoriété, mais plus souvent, c'est le nom proposé par les inventeurs, par exemple l'aven Armand du nom de son découvreur.

Rappelons les écrits d'Henri Vallot pour les origines locales :

« Le topographe, par suite de son contact permanent et prolongé avec les habitants du pays, devrait être mieux placé que quiconque pour attribuer à chaque objet le nom qui lui convient, c'est son opinion qui devrait prévaloir ».

Concernant les noms des cavités localement inconnues ou laissées sans nom, il faut encore citer une remarque d'Henri Vallot :

 « Il n'est pas inutile de faire remarquer que le cartographe dispose d'une puissance avec laquelle il faut bien compter et qui assurera très probablement le triomphe définitif de sa nomenclature : cette puissance, c'est la carte, la carte que tout le monde possède, lit, ou consulte, que tout le monde copie ».

 

QUELQUES DATES MARQUANTES JUSQU'EN 1914

1819 - Découverte de la grotte de Bétharram (Hautes Pyrénées), près de Lourdes, par un autochtone, visitée par les naturalistes en 1836, elle est explorée par trois membres de la Section de Pau du Club Alpin : Larry, Campan et Ritter en 1888. Elle sera aménagée pour les visites touristiques dès 1903.
1839 - Le fond du Gouffre de Padriciano (Trieste) -226m est atteint par Antonio Federico Lindner et Giovanni Svetina.
1841 - C'est le fond de la grotte Trebiciano (Trieste) -321m qui est touché par Lindner, après onze mois de travaux.
1850 - L'Autrichien Adolf Schmidl explore la grotte de Postojna en Slovénie (grotte d'Adelsberg à cette époque), connue depuis le quaternaire.
1880 - La grotte de Dargilan (Lozère) est découverte par le berger Jean Sahuquet. Une première reconnaissance est faite par Édouard-Alfred Martel, alors jeune disciple d'Alphonse Lequeutre, il put inspecter la première salle, et reconnaître la présence de plusieurs puits.
1888 - La visite méthodique de la grotte de Dargilan (Lozère) se fera en juin, par Édouard-Alfred Martel et ses compagnons, c'est une grotte sèche, avec des traces d'une rivière fossile. Elle sera aménagée pour les visites en 1890.
1888 - Parcourt de la rivière souterraine du Bramabiau (Gard), longue de 2 km, les 27 et 28 juin, par Édouard-Alfred Martel et ses compagnons. En deux tentatives, reconnaissance par l'aval de l'écoulement, à l'aide d'un canot, le lendemain par l'amont pour réaliser la traversée.

Ces deux entreprises de 1888 marquent le début de la spéléologie d'exploration en France.

1889 - Les 9 et 10 juillet, descente dans le gouffre de Padirac (Lot) et découverte de sa rivière souterraine, par E.-A. Martel et ses compagnons, plusieurs visites seront consacrées à cette initiative, pour lever le plan de la caverne, et progresser sur la rivière, une cinquième en 1896. En 1900, Martel et ses compagnons s'avancent sur les 2 premiers kilomètres de la rivière. Une aventure qui ne faisait que commencer. Parmi les compagnons de Martel, il y avait Louis Armand, Émile Foulquier, Gabriel Gaupillat, Louis de Launay.
1889 - La grotte des Demoiselles (Hérault) est explorée dès 1780, par Benoît-Joseph Marsollier des Vivetières, qui en publiera une description en 1785. Mais la visite méthodique date de 1889, elle est due à Martel et ses compagnons. Le site sera aménagé pour le public en 1931.
1889 - Descente dans l'aven de Hures (Lozère) jusqu'à -116m, par Édouard-Alfred Martel, Jacques Maheu et Armand Viré.
1891 - Le gouffre Kacna Jama (Slovénie) est reconnu, par Hanke jusqu'à -185m.
1892 - Première exploration de l'aven Jean Nouveau (Vaucluse) le 31 août 1892, par E.-A. Martel et Louis  Armand, qui atteignent -167m.
1897 - Le 17 septembre, découverte de l'aven Armand (Lozère) par Louis Armand, qui était le plus fidèle collaborateur d'Édouard-Alfred Martel. Première descente les 19 au 21 septembre par Louis Armand, Édouard-Alfred Martel et Armand Viré qu'à -200m.
1898 - Début d'avancée dans la caverne de Höll-loch (Suisse), qui passait pour la seconde cavité en importance en Europe, après celle de Postojna en Slovénie, elle développera un réseau immense.
1899 - E.-A. Martel et ses collaborateurs effectuent une première incursion dans gouffre du Trou du Glaz (Chartreuse), ce n'est que le début d'une longue histoire.
1904 - Descente dans l'oucane de Chabrières (Hautes-Alpes), par P. Lory et Martel, avec leurs collaborateurs, un article est consacré dans La Montagne de 1905.

 

APRÈS LA GRANDE GUERRE

En France, Robert de Joly reprendra, après la Grande Guerre, les activités de la Société de spéléologie.
L'énergie exploratrice est principalement maintenue par Norbert Casteret et Robert de Joly, deux éminents spéléologues très actifs.
En 1925, la Section du Jura du Club Alpin et la Société d'Histoire Naturelle du Doubs aménagent le puits de Poudrey, près de Besançon, à des fins de formation.
En 1927, l'aven Armand (Lozère), découvert en 1897, est aménagé pour être ouvert au public, c'est l'un des sites souterrains les plus remarquables, un phénomène géologique extraordinaire. 

Il a fallu 30 ans à Martel, l'intervention du Touring Club, des Sociétés des chemins de fer et des autorités locales pour transformer une aventure scientifique, en une entreprise commerciale structurée. Ce sera un puissant produit d'appel pour le tourisme naissant.

1930 - LE SPÉLÉO-CLUB DE FRANCE 

Le 18 mars 1930, création du Spéléo-club de France, association présidée par Robert de Joly, avec Martel comme président d'honneur et parmi les membres : Norbert Casteret, Bernard Gèze, Joseph Giry et Guy de Lavaur. L'association assure vouloir renforcer les liens entre les spéléologues et développer les activités d'exploration des sous-sols.

C'est une organisation qui demeure dans la continuité de la Société de spéléologie de 1895.

Le Spéléo-club de France reprendra le titre Spelunca, pour publier les articles scientifiques, et les comptes-rendus détaillés des avancées souterraines..

1931 - La grotte des Demoiselles (Hérault) est aménagée pour la visite du public.

Les moyens de l'alpinisme

Avec les moyens artificiels d'escalade, développés dans les Dolomites, et dévoilés en 1932 et 1933 dans la revue du Club Alpin La Montagne, il va être possible de s'aventurer encore davantage, comme le fera justement remarquer Martel.
En 1932, Alain Leray présente, pour la première fois en France, une information sur l'utilisation des pitons et des mousquetons en escalade.
En 1933, Raymond Gaché note :

« En ce moment, nous assistons à l'introduction en France des méthodes dolomitiques avec leur arsenal d'étriers, de pitons à rocher et à glace, de mousquetons, de marteaux ».

Ces moyens viendront compléter ceux des spéléologues.

Le nouveau matériel

Les échelles ultralégères avec câble d'acier de 2 mm et barreaux de Duralumin ont été développées par Robert de Joly. Le matériel spécifique à la spéléologie va évoluer, treuil léger, avec câble d'acier et escarpolette, il s'ajoutera à celui venant de l'alpinisme : pitons, crampons, marteaux, broches à glace. Les échelles à perroquet et les scaphandres vont compléter la panoplie.

Des équipements étanches sont adaptés pour affronter des puits arrosés.

Les singes mécaniques

En 1934, utilisation de singes mécaniques - dispositif inventé en 1929 par Henri Brenot - permettant la remontée sur corde, et s'inspirant d'une technique utilisée par les puisatiers, ils sont les ancêtres des futurs dispositifs autobloquants.

L'étage noyé, l'étape ultime 

Guy de Lavaur utilisera les premiers scaphandres autonomes, pour franchir des siphons, et accéder au dernier palier de la découverte spéléologique, que constituera l'étage noyé. Mais il faudra beaucoup de temps pour améliorer la technique et le matériel.

LE DÉBUT DE LA SPÉLÉOLOGIE SPORTIVE

Les démarches des premiers explorateurs : Martel, Casteret, de Joly, mettaient en avant des personnalités indiscutables, mais en masquant souvent - en oubliant - les actions remarquables des compagnons, équipiers ou assistants.
Les nouvelles générations auront des approches plus collectives.
Plus de hiérarchie préétablie, c'est l'équipier le plus apte, ou le plus déterminé, qui fait avancer l'expédition. Plus de mise en avant d'une personnalité qui occupe seule l'espace consacré à l'information, ou à la notoriété.

C'est aussi l'arrivée d'alpinistes notoires dans la discipline et le début de la spéléologie sportive.

Deux événements peuvent marquer cette évolution : 

<  En 1934, durant la visite du gouffre du Plantillet (Haute-Garonne) - événement évoqué ci-après - utilisation de singes mécaniques pour la remontée sur corde, les ancêtres des dispositifs autobloquants. C'est, dira Pierre Chevalier, « peut être ce jour-là, avec la visite à deux d'un gouffre sans aide extérieure, que prit naissance la spéléologie alpine ».
<  En 1935, début de l'exploration des cavités de la Dent de Crolles (Chartreuse), par une équipe du Club Alpin de Lyon, comprenant Pierre Chevalier, Fernand Petzl et Charles Petit-Didier. Événement évoqué ci-après qui marque également l'évolution vers la spéléologie sportive.

1936 - LA SOCIÉTÉ SPÉLÉOLOGIQUE DE FRANCE

Le 1ᵉʳ mars 1936, le Spéléo-club de France change encore une fois de nom, et devient la Société spéléologique de France, en continuant la publication de Spelunca. Le club est ouvert aux filiales d'associations et aux sociétés affiliées. 

À ce moment-là, la spéléologie ne compte en France qu'une trentaine de membres actifs.

1936 - LE SPÉLÉO-CLUB DE PARIS

Le Spéléo-club de Paris est fondé au sein de la Section de Paris du Club Alpin Français. Il est présidé par Henri-Pierre Guérin, et avec entre autres André Bourguin, Pierre Chevalier, Jean Deudon, Raymond Gaché, Bernard Gèze, Maud Guérin, Marcel Ichac, Guy de Lavaur, Jean Susse, Félix Trombe.
Le Spéléo-club sera membre actif de la Société spéléologique de France.

Le Spéléo-club de Paris obtient rapidement des résultats intéressants, avec l'investigation complète de la grotte de la Luire (Vercors) jusqu'à -213m, qui classe la Luire dans les remarquables gouffres de France, et la descente du scialet de Malaterre. Ainsi que la visite complète de nouvelles grottes et scialets, et un inventaire des cavités du plateau du Vercors.

Un peu plus tard, le Spéléo-club de Paris change son nom, et devient le Groupe alpin de spéléologie de la Section de Paris du Club Alpin.

1936 - La Commission de spéléologie du Club Alpin

Le Comité de direction du Club Alpin crée une Commission de spéléologie, destinée à regrouper ceux, de toutes les Sections de l'association, qui se livrent aux recherches souterraines.
Et en 1939, les Sections seront invitées à créer des Commissions de spéléologie, dans leur périmètre d'action.

1936 - Un numéro consacré de la revue La Montagne

En lui consacrant majoritairement sa revue La Montagne d'octobre 1936, le Club Alpin voulait souligner l'intérêt qu'il attache aux recherches souterraines et à l'hydrogéologie.

Les comptes rendus

La Commission de spéléologie et le Comité de direction du Club Alpin décident de confier à la publication Spelunca les volumineux comptes rendus des avancées faites par les membres du Club Alpin, qui réclamaient beaucoup de surface éditoriale.

Pour souligner l'activité des membres de l'association, la Commission voudra tout de même réunir les différents comptes rendus dans un ouvrage spécial.

Du matériel de spéléologie

Du matériel, nécessaire à la pratique, est acquis, pour doter les Commissions de spéléologie des Sections du Club Alpin, d'échelles ultralégères et d'un treuil moderne en 1938, puis d'un canot pneumatique en 1939.

1939 - Les développements de la spéléologie au Club Alpin

En 1939, le Dr René Jeannel, professeur au Muséum national d'histoire naturelle de Paris, prend la présidence de la Commission des travaux scientifiques du Club Alpin (1939-1950). Profondément impliqué dans les développements de la spéléologie, il soutient un ensemble de travaux portant, outre la topographie, sur l'hydrologie, les climats souterrains, la géologie. Bernard Gèze souligne :

« Au point de vue hydrogéologique, il n'est pas d'exploration inutile. L'intérêt, de posséder la solution de tous les problèmes posés par la circulation des eaux, permet de savoir si telles infiltrations ne risquent pas de contaminer telle résurgence qui alimente un village voisin, de savoir quels sont les terrains rencontrés par tel ruisseau dans son cours hypogé, et comment se fait son trajet ».

1939 - Le premier Congrès national de spéléologie

Le premier Congrès national de spéléologie a lieu à Mazamet, l'occasion d'un premier rassemblement des spécialistes.

Les ouvrages de l'entre-deux-guerres des précurseurs

En 1921, Martel donne l'ouvrage « Nouveau traité des eaux souterraines ».
En 1926, Martel propose « Causses et gorges du Tarn », une œuvre « murie par l'expérience d'un labeur ininterrompu, par l'accumulation d'observations et l'érudition ».
En 1934, Casteret publie le livre « Dix ans sous terre » aux Éditions Perrin.
En 1936, Martel fait éditer « Les Causses majeurs » une description générale des Causses, des cavernes, avens, et des circulations souterraines qui caractérisent la région étudiée.

 

LES GOUFFRES LES PLUS NOTOIRES EXPLORÉS ENTRE 1920 ET 1940

1925 - Hors nos frontières et pour mémoire, l'abîme Bertarelli (Istrie) est reconnu de 1922 à 1925, par des spéléologues italiens, il sera un moment le plus profond connu avec -450m.
1926 - Hors nos frontières et pour mémoire, le gouffre italien de Preta (Vérone) est exploré jusqu'à la profondeur de - 637m le 26 août, ce qui était un record à ce moment-là.
1926 - Norbert Casteret et sa famille découvrent à 2700m la grotte Casteret dans le versant espagnol du massif de Gavarnie (mitoyen des Hautes-Pyrénées), dont le développement traverse d'est en ouest la crête dominant le cirque de Gavarnie, avec un tronçon de rivière fossile.
1928 - Joseph Devaux trouve à 2900m, dans le versant espagnol du massif de Gavarnie (mitoyen des Hautes-Pyrénées), et traversant d'est en ouest la crête, une caverne avec un torrent souterrain alimentant en grande partie la cascade de Gavarnie constituant la source du Gave de Pau.
1928 - Le chourum Martin (Dévoluy), reconnaissance complète, par Robert de Joly et Denizot à -190m, la première initiative date de vers 1890, par Martel et ses compagnons.
1929 - Norbert Casteret explore seul la grotte de l'Escaleta (Catalogne), incomplètement visitée en 1897.
1929 - Durant le même été, Norbert Casteret visite le gouffre du Trou du Toro ou Forau d'Aygualuts dans les Pyrénées (province d'Huesca), découvert en 1787 par Ramond de Carbonnières dont le  lieu de résurgence interrogeait.
1930 - Après Martel en 1899, poursuite de la descente du Trou du Glaz (Chartreuse), par Robert de Joly et ses compagnons jusqu'à -119m.
1931 - Casteret révélera les origines de l'une des sources revendiquées de la Garonne et la complexité de la circulation souterraine des eaux d'origine du fleuve, à l'aide de la fluorescéine. Des eaux venant de l'autre côté de la ligne de partage des eaux entre Méditerranée et Atlantique, depuis les flancs du Néthou (Aneto) vont réapparaître au niveau des Goueils de Jouécou. (Val d'Aran). Les résultats seront présentés dans le compte rendu des séances de l'Académie des sciences du 24 août 1931, repris dans la chronique de La Montagne 1931. 
1931 - Progression dans l'aven de Hures (Lozère), par Robert de Joly et Guy de Lavaur jusqu'à -205m, déjà visitée en 1889 jusqu'à -116m, par Martel et ses compagnons. Il connaîtra de nombreuses visites complémentaires.
1932 - Le gouffre Martel (en hommage au prédécesseur) est découvert par Norbert Casteret sur le flanc nord de la Pyramide de Serre et le cirque de Lez (Ariège). Il est parcouru en 1933 et 34. La profondeur de -303m est atteinte par Casteret, sa femme et trois porteurs le 22 novembre 1935. C'est l'abîme le plus profond de France exploré dans ces années-là.
1932 - Casteret a également trouvé l'orifice de sortie du gouffre Martel, qui montre une profondeur de -482m dans la grotte de la Cigalière. Il manque encore 120m vertical pour réaliser l'investigation complète de la percée hydrogéologique.
1933 - L'aven de Jean Nouveau (Vaucluse), après la première incursion de 1892, est descendu jusqu'à -188 m, par Robert de Joly et ses compagnons. Plus tard le gouffre sera reconnu jusqu'à -573 m.
1934 - Le gouffre du Plantillet (Haute-Garonne) est visité jusqu'à -125m, par Pierre Chevalier, Gabriel Dubuc, Guy Labour et Félix Trombe. Il avait été reconnu en 1933, par Félix Trombe. Ce gouffre se révélera être l'orifice supérieur du réseau Trombe qui sera suivi plus tard jusqu'à -1000m. Utilisation de singes mécaniques pour la remontée sur corde.
1935 - L'aven d'Orgnac (Ardèche) est reconnu en août, par Robert de Joly et ses compagnons jusqu'à -180m.
1935 - Le chourum de la Parza (Dévoluy) est parcouru jusqu'à -120m, le 18 août par André Bourgin et une équipe du Spéléo-club de Paris du Club Alpin
1935 - Le chourum Clot (Dévoluy) est descendu jusqu'à -100m, le fond présumé de la cavité, le 15 septembre, par André Bourgin et une équipe du Spéléo-club de Paris du Club Alpin.
1935 - Début de l'exploration des cavités de la Dent de Crolles (Chartreuse), par une équipe de la Section de Lyon du Club Alpin, comprenant Pierre Chevalier, Fernand Petzl et leurs camarades. Incursion depuis le Trou du Glaz, avec plusieurs puits arrosés de 1935 à 1940. Parallèlement en 1939, avancée depuis la grotte du Guiers Mort, par l'orifice de sortie des eaux souterraines. La guerre viendra interrompre l'investigation.
1935 - Max Cosyns atteint -250m durant la visite de l'abîme de Heyle (Basses Pyrénées).
1936 - Le gouffre de la Luire (Vercors), déjà reconnu jusqu'à -120m, est exploré jusqu'à -213 m, par une équipe du Spéléo-club de Paris du Club Alpin, comprenant notamment Bourgin, Chevalier, Demange, Gaché, Guérin, Jonqière, Labour, Tournon. En 1976, on arrivera à -413m et 9600m de développement, avec le Groupe spéléologique valentinois.
1936 - Le scialet de Malaterre (Vercors) est exploré jusqu'à -160m, par le Spéléo-club de Paris du Club Alpin.
1936 - Le gouffre du Paradis (Franche-Comté) est parcouru complètement à -204m, le 13 septembre, par une équipe du Spéléo-club de Paris du Club Alpin.
1937 - Le gouffre de la Combe de fer (Vercors) est reconnu jusqu'à -217m, les 19 et 20 juin, par les membres du Groupe alpin de spéléologie de la Section de Paris du Club Alpin.
1937 - Le chourum Dupont ou chourum de la Petite Gorge (Dévoluy), qui est la branche supérieure du chourum Martin, est exploré jusqu'à -225m les 11 et 12 septembre, par André Bourgin et les membres du Groupe alpin de spéléologie de la Section de Paris du Club Alpin.

 

PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE

Après la guerre de 1939-1940 et durant l'occupation, l'activité restera difficile, mais réelle.

1941 - Les cavités de la Dent de Crolles

En 1941, la reconnaissance des cavités de la Dent de Crolles (Chartreuse) se poursuit. Avec l'opération commencée en 1935, la liaison entre le Trou du Glaz et la grotte du Guiers Mort est obtenue par Pierre Chevalier et Fernand Petzl, assistés de trois camarades, le 8 août 1941 (voir dans le paragraphe suivant : « Quelques dates marquantes dans les explorations depuis 1940 »).

Dans La Montagne d'octobre 1941, Pierre Chevalier publie le compte rendu de l'aventure souterraine, dans les cavités de la Dent de Crolles.

<  En 1944, Henri-Pierre Guerin propose un manuel technique de spéléologie aux éditions Jean Susse.

Au lendemain de l'occupation

Redisons que ce sont maintenant les équipes de spéléologues qui sont mises en avant, dans les comptes-rendus publiés, plutôt que, comme précédemment, la mise en exergue d'une seule et emblématique personnalité.

Au lendemain de la guerre de 1939-1940 et de l'occupation, les spéléologues vont se trouver confrontés à des projets de plus en plus complexes, et donc à la recherche de ressources financières correspondantes. Elles les obligeront à trouver l'appui de grandes structures associatives ou officielles.

En 1945, plusieurs organismes sont concernés par la spéléologie :

<  La Société spéléologique de France, héritière directe de la Société de spéléologie et éditrice de la revue Spelunca.
<  Le Club Alpin Français qui comprend une Commission de spéléologie, et plusieurs Sections très actives.
<  Les trois organismes officiels comprenant des membres actifs notoires de la spéléologie.

- Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), qui a installé une commission de spéléologie.
- Le Bureau des recherches géologiques et géophysiques, avec un service de spéléologie.
- Le Comité national français de géodésie et de géophysique, avec une section d'hydrologie.

Dans ces années d'après-guerre, on assiste à un engouement sensible pour cette pratique souterraine et à la multiplication des spéléo-clubs.

1946 - Les cavités de la Dent de Crolles

Avancée finale dans les cavités de la Dent de Crolles (Chartreuse), par une équipe du Club Alpin de Lyon, comprenant Pierre Chevalier, Fernand Petzl et leurs compagnons. Cette nouvelle opération concernera le labyrinthe supérieur du réseau. Ce qui permettra la traversée est-ouest du système. Et ensuite, liaison entre le plateau de la Dent de Crolles, 1935m et le point bas à 1332m d'altitude, à l'exsurgence de la grotte du Guiers Mort  (évocation dans le paragraphe suivant : « Quelques dates marquantes dans les explorations depuis 1940 »).

Ce sera l'une des plus difficiles et audacieuses explorations souterraines.

Dans La Montagne 1946, Pierre Chevalier publie le compte rendu de l'exploit, sous le titre « La Dent de Crolles souterraine ».

- Le temps des expéditions lourdes

C'est le recours aux expéditions lourdes qui s'annoncent, avec de nombreux équipements, qui n'est pas sans rappeler la technique himalayenne des alpinistes de cette époque, avec installation de camps successifs durant la progression. L'assistance de l'armée sera même obtenue.

1947 - Le gouffre de la Henne-Morte

En 1947, le Spéléo-club de Paris du Club Alpin entreprend l'investigation du gouffre de la Henne-Morte (Haute-Garonne), avec la participation de Norbert Casteret, de Marcel Loubens et de l'armée. Le siphon du bas à -358m est atteint par Norbert Casteret (voir dans le paragraphe suivant : « Quelques dates marquantes dans les explorations depuis 1940 »).

La revue La Montagne présente l'article de Félix Trombe et de Raymond Gaché sous le titre : « Le gouffre de la Henne-Morte ».

L'article évoque l'excédent de puissance de l'entreprise.

<  En 1947, article d'André Belin sur la descente de l'Anou Boussouil, situé en Algérie, jusqu'à -515m.

- Les cordes en polyamide

Avec le polyamide (Nylon), le progrès va être décisif… Les « cordes spéciales » câblées voient le jour en Grande-Bretagne à la fin de la guerre, en conservant les méthodes de fabrication des cordes de marine… Elles seront les premières à offrir une une réelle sécurité.
En 1947, la corde moderne d'alpinisme est mise au point, sur les conseils de Pierre Chevalier, par les établissements Joanny. C'est une corde à fils parallèles formés d'éléments multi-filamentaires de polyamide protégés par une gaine tressée.

C'est une grande avancée… Ces nouvelles cordes vont offrir, grâce à leur élasticité, une vraie sécurité et vont se trouver préservées des frottements avec la roche par leur gaine extérieure.

Mais l'élasticité de la corde, adaptée à l'amortissement des chutes en escalade, va se révéler gênante pour la spéléologie. En remontant le long de leurs cordes fixes dans une ascension en Norvège, des grimpeurs avaient constaté en 1967 que celles-ci avaient été gravement endommagées  par le frottement sur des angles de la roche. La corde d'alpinisme, à cause de son élasticité, n'était pas adaptée à ce genre d'exercice.

La solution viendra des USA avec les cordes statiques.

Les deux cordes auront des développements parallèles, la corde d'escalade pour amortir les chutes éventuelles, la corde statique pour la spéléologie et pour les utilisations en cordes fixes.

1948 - Une performance sans équivalence à l'époque

Parution du livre « Escalades souterraines » par Pierre Chevalier, relatant aux éditions Jean Susse, la reconaissance complète des cavités de la Dent de Crolles, elle dura de 1935 à 1946 et n'avait aucune équivalence à l'époque.

- Un Comité national de spéléologie

Création d'un Comité national de spéléologie le 28 mai 1948, conduit par René Jeannel, montrant une certaine dispersion des forces vives, avec une organisation structurelle complexe.

1949 - La rivière souterraine de Padirac

La rivière souterraine de Padirac a d'abord été visitée par Martel et ses compagnons, en 1890 et 1896. Arrêt devant la Grande Barrière, elle est franchie en 1899, par Armand, Viré et leurs compagnons.
En 1900, Martel et ses compagnons s'avancent jusqu'à 2500m.
En 1938, on arrive à 3200m de galeries souterraines reconnues. En 1947, la coloration de l'eau indiquera la Fontaine St Georges et la source du Lombard comme les exsurgences, à 11 km de l'entrée.
1948 et 1949, une équipe du Spéléo-club de Paris, avec Guy de Lavaur, Robert de Joly, Félix Trombe et compagnons, progresse jusqu'à 6000m de l'entrée (évocation dans le paragraphe suivant : « Quelques dates marquantes dans les explorations depuis 1940 »).

La revue La Montagne propose l'article de Félix Trombe et Raymond Gaché, sous le titre : « Explorations à Padirac ».

Les publications attachées

Plusieurs éditions vont publier les comptes rendus des incursions et des découvertes :

- En 1946 - Les Annales de spéléologie sont le prolongement de la publication Spelunca, sous la double étiquette de la Société spéléologique de France et du Club Alpin.
- En 1948 - Grottes et gouffres, édition qui sera un moment le support du Comité national de spéléologie.
- En 1949 - Le Bulletin de la Société spéléologique de France entre 1949 et 1950.
- En 1951 - Le Bulletin du Comité national de spéléologie paraîtra pendant 10 ans, il réunira les informations unifiées de la spéléologie.
- En 1961 - Le Bulletin du Comité national de spéléologie reprend le nom de Spelunca, sous le double patronage Comité national de spéléologie et de la Société spéléologique de France.

Ces nombreuses publications comparées au nombre modeste de pratiquants montrent une certaine dispersion des forces vives, et l'extrême indépendance des protagonistes qui restera une caractéristique de la pratique.

1950 - Les développements scientifiques et sportifs de la spéléologie

La revue La Montagne présente, dans son édition de novembre 1950, l'article de Félix Trombe : « Le Comité des travaux scientifiques du Club Alpin Français » montrant l'importance des développements scientifiques et sportifs de la spéléologie.

1951 - Le gouffre de la Pierre-Saint-Martin

Le gouffre de la Pierre-Saint-Martin (Pyrénées atlantiques et Espagne) est découvert par Georges Lépineux.
En 1951, début des reconnaissances jusqu'à -500m, où la rivière souterraine est découverte.
En 1952, l'accident de Marcel Loubens et son agonie feront entrer cette cavité dans l'histoire des catastrophes (voir dans le paragraphe suivant : « Quelques dates marquantes dans les explorations depuis 1940 »).

1952 - Un premier stage national de spéléologie

Un premier stage national de spéléologie est organisé par Pierre Chevalier, un second suivra en 1959, avant la création de l'École Française de spéléologie en 1969.

1953 - Le gouffre Berger

Le gouffre Berger (Isère) situé à 1460m est découvert par Joseph Berger en mai 1953, des colorations montrent que l'écoulement souterrain communique avec la grotte des Cuves de Sassenage.
En 1954, la profondeur record de -903m est atteinte le 27 septembre par le Spéléo-Groupe du Club Alpin de Grenoble.
En 1956, le siphon à -1122m est rejoint en août. C'est la première fois que la cote -1000m est dépassée (évocation dans le paragraphe suivant : « Quelques dates marquantes dans les explorations depuis 1940 »).

Deux articles de Louis Eymas et Georges Garby dans La Montagne de 1954 et 1956 présentent l'exploit.

Les deux textes montrent bien le souci des participants de souligner l'effort collectif, et de ne pas (plus) mettre en exergue les seuls engagements individuels des équipiers de pointe, par respect aux dévouements des équipes de soutien.

- Les activités de plongée souterraine

En 1953, Guy de Lavaur déjà précurseur avant la guerre de 1939-1940 de cette spécialisation, organise les activités de plongée souterraine. Elles représentent l'avenir de l'investigation des cavités, au-delà des siphons, et qui constituera l'étage noyé.

- Un premier congrès international de spéléologie

Le premier Congrès international de spéléologie se tient à Paris du 7 au 12 septembre 1953, patronné par le ministère de l'Éducation nationale et le Secrétaire d'État à la Jeunesse et aux Sports.

- Le Club des spéléologues grenoblois du Club Alpin

Création du Club des spéléologues grenoblois du Club Alpin Français en 1953, qui s'illustrera entre-autres dans l'exploration du gouffre Berger.

1956 - La spéléologie, par Félix Trombe

Félix Trombe fait paraître un recueil « La Spéléologie » définissant le domaine d'action, en présentant les techniques de l'activité et les résultats scientifiques obtenus ou attendus.

1958 - Les expéditions spéléologiques dans le réseau du Marguareis

Les premières recherches vers les nombreux gouffres du karst du Marguareis (Alpes-Maritimes et Italie), déjà repérés en 1897, commencent en 1951.

Les différentes incursions vont aller de 1952 à 1958 (évocation dans le paragraphe suivant : « Quelques dates marquantes dans les explorations depuis 1940 »).

Un article de Marx Couderc, Yves Creac'h et Jacques Rouire est proposé dans La Montagne d'octobre 1960 : « Les expéditions spéléologiques au Marguareis 1951-1958 ».

LES TECHNIQUES NOUVELLES

Une révolution va apparaître, avec une nouvelle façon de faire, le déplacement autonome des acteurs, durant la descente et la remontée sur cordes fixes.

Cette technique va remplacer les expéditions lourdes avec échelles et treuils. Mais l'évolution prendra du temps.

Déjà en 1934, pour le gouffre du Plantillet, Pierre Chevalier, Gabriel Dubuc, Guy Labour et Félix Trombe avaient utilisé des singes mécaniques (inventés par Henri Brenot en 1929) pour la remontée sur corde.

- La poignée Jumar et les dispositifs Dressler

En 1958, deux grimpeurs suisses, Adolf Jüsy (guide alpin) et Walter Marti (ingénieur) font la mise au point de la poignée automatique Jumar, à mâchoire autobloquante, facilitant la remontée des cordes fixes en paroi et en expédition classique par les alpinistes, même utilisation que le singe mécanique, mais d'un emploi beaucoup plus commode.

En 1959, Bruno Dressler, qui appartenait alors au Spéléo-Club de Paris du Club Alpin, développe un dispositif autobloquant, proche de la technique du Jumar, mais adaptés aux utilisations souterraines, c'est-à-dire fonctionnant même en terrain boueux, il sera un élément majeur de sécurité.

- La remontée sur cordes fixes et l'auto-traction

Dans les années mil neuf cent cinquante, sur les parois du Yosemite, les grimpeurs américains utiliseront la technique de siège pour gravir les hautes parois, en installant des cordes fixes, remontées ensuite à l'aide de nœuds de Prusik, en utilisant la technique de l'auto-traction, la force développée par la jambe permettant la montée du grimpeur.

Plus tard en 1967, dans une ascension en Norvège perturbée par la pluie et la neige, une équipe de grimpeurs du GHM équiperont plus de 800m de cordes fixes, qui seront remontées en auto-traction aux Jumars et aux singes (et descendus en rappel avec un frein constitué de mousquetons croisés), pour profiter des brefs répits de la météorologie.

L'avancée technique appliquée aux abîmes n'allait pas tarder.

- Des développements parallèles

 Dans les années 1960, le matériel d'escalade et le matériel de spéléologie connaîtront des développements parallèles avec leurs utilisations spécifiques.

< Les ancrages forés seront utilisés dès 1960
< Les Jumars en 1960, mais pas adapté pour la spéléologie
< Les dispositifs autobloquants proposés par les Américains, puis ceux de Dressler remplaceront la descente au treuil.
< Le baudrier longtemps bricolé est repris par les équipementiers dès 1963.

1959 - Le second congrès national de spéléologie

Le second Congrès national de spéléologie est organisé à Cahors, du 6 au 10 septembre 1959. Il succède au congrès de Mazamet de 1939. Trois cents spéléologues du Comité national de spéléologie et de la Société spéléologique de France y participèrent du 6 au 10 septembre. 
Il apparaîtra dans les rangs des participants un vrai désir de regroupement.

1963 - LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE SPÉLÉOLOGIE

La Fédération Française de Spéléologie (FFS) est fondée le 1er juin 1963, à Millau. Elle est issue de la réunion de la Société spéléologique de France de 1936, ayant elle-même succédé à la Société de spéléologie, fondée en 1895 par Édouard-Alfred Martel, et du Comité National de spéléologie de 1948. Alain Cavaillé est le premier président de la FFS.

1965 - Création de l'Union Internationale de spéléologie

Éminent spéléologue Bernard Gèze est le premier président de l'Union Internationale de spéléologie.

1967 - La progression sur simple corde

Les Américains ont recours à la descente et la remontée sur simple corde jusqu'à -333m sans utiliser de treuil, en descendant sur une simple corde par l'intermédiaire d'un système de freinage et en remontant en utilisant l'auto-traction, ils apportaient la démonstration que les premières initiatives de 1934 constituaient un progrès technique, ouvrant vers les expéditions légères.

C'est une avancée considérable qui va permettre le déplacement des spéléologues le long de simples cordes, elle va révolutionner la façon de faire.

1968 - L'aventure Petlz

Depuis un certain temps, Fernand Petzl, l'un des principaux acteurs de l'exploration souterraine, éminent membre de la Section de Lyon du Club Alpin, du Spéléo-club de Paris et du Spéléo-Groupe du Club Alpin de Grenoble, fabriquait déjà à Grenoble du matériel pour ses collègues spéléologues du Club Alpin.

En 1968, il commence l'industrialisation d'un matériel spécialisé particulièrement performant : échelles, sacs, il adapte une lampe acétylène pour le casque de spéléo, puis un système piézoélectrique d'éclairage.

En 1969, il reprend les créations de Bruno Dressler et améliore les dispositifs. Partant d'un simple atelier, une usine est construite à Crolles (Isère). Le matériel conçu pour les spéléologues sera ensuite proposé aux autres activités de montagne : l'alpinisme, l'escalade, le canyoning, avec le succès que l'on connaît.  

« Étonnant retournement de l'histoire, quand on sait que les spéléologues de l'Isère ont commencé à utiliser quelques vieilles cordes que leur prêtaient obligeamment leurs camarades alpinistes ».

1969 - CRÉATION DE L'ÉCOLE FRANÇAISE DE SPÉLÉOLOGIE

La Fédération Française de Spéléologie crée une École de spéléologie, elle est chargée principalement d'assurer la formation technique des spéléologues, et de diffuser les informations se rapportant à l'activité.

Les activités des Spéléo-groupes du Club Alpin

Les activités des douze Spéléo-groupes du Club Alpin des années 1968 et 1969 sont soulignées dans La Montagne & Alpiniste de juin 1969 et 1970.

1970 - Le premier gouffre à être parcouru avec des dispositifs autobloquants

En novembre, descente du gouffre Lonné-Peyret (Pyrénées atlantiques), par une équipe grenobloise et toulonnaise, en installant simplement des cordes fixes dans l'escarpement jusqu'à atteindre le fond à -716m. C'est en France, le premier grand gouffre à être visité et remonté entièrement avec des dispositifs autobloquants et de l'auto-traction.

C'est une profonde révolution qui concerne toute la discipline, même si par l'aspect plus sportif de la technique, il faudra un peu de temps pour l'assimiler.

1973 - Publication du livre « Techniques de spéléologie alpine »

En avril 1976 paraît « Techniques de la spéléologie alpine », de Jean-Claude Dobrilla et Georges Marbach, qui va propager les nouvelles techniques dans le monde de la spéléologie.

1977 - Un livre qui étonne et détonne

Pierre Minvielle fait éditer Grottes et Canyons, les 100 plus belles courses et randonnées. L'ouvrage parle de randonnées et provoque une énorme émotion, et beaucoup de critiques dans le milieu de la spéléologie. 

Pourtant, c'était un tournant palpable qui était remarqué, la spéléologie devenait, en bousculant les habitudes et les certitudes, une activité de loisirs presque banale, « une spéléologie de visite pour le plaisir uniquement », et venant s'ajouter aux implications sportives et scientifiques.

1990 - Un rassemblement des spéléologues du Club Alpin

Un quatrième rassemblement national des spéléologues du Club Alpin est organisé. Cette manifestation, est initiée dans le milieu des années mil neuf cent quatre-vingts, elle réunit des spéléologues issus du Club Alpin et d'autres fédérations, ainsi que des sociétés hors frontières.

1997 - UNE HISTOIRE DE LA SPÉLÉOLOGIE AU CLUB ALPIN

En 1997, la Commission nationale de spéléologie du Club Alpin a plus de soixante ans d'existence. Elle coordonne les activités souterraines réparties dans les différents clubs de la Fédération des Clubs Alpins Français qui va devenir la Fédération Français des Clubs Alpins et de Montagne (FFCAM).

On retrouvera un historique de l'aventure souterraine par l'article de Philippe Morveran « La petite histoire de la spéléologie au Club Alpin » dans La Montagne & Alpinisme n°4/1997.
Est bien décrite la part du Club Alpin, en ce qui concerne le début de la spéléologie en France, puis la période prolifique de 1935 à 1955, jusqu'aux initiatives de grande profondeur. Sont  également présentées la structuration de l'organisation et son évolution.

Les liens forts de la spéléologie avec le Club Alpin, à l'origine de cette discipline dès 1888, méritent d'être soulignés et rappelés, ainsi que les activités de la Commission des travaux scientifiques du Club Alpin de 1939 à 1950.

2005 - La spéléologie, du sport à la science

Une plaquette « La spéléologie, du sport à la science » est publiée conjointement par le Comité scientifique de la FFCAM et la Fédération Française de Spéléologie.

AUJOURD'HUI

Aujourd'hui, plusieurs clubs de la FFCAM développent des activités souterraines.
Un rassemblement national des spéléologues de la FFCAM est organisé régulièrement depuis le milieu des années mil neuf cent quatre-vingts. Cette manifestation réunie des spéléologues issus des clubs de la FFCAM, ainsi que ceux d'autres fédérations.

Les plus récents regroupements : en 2013, le Club Alpin de Grenoble ; en 2016, le Club Alpin de Dijon ; en 2017, le comité départemental des Pyrénées-Orientales et la section spéléo du Club Alpin de Perpignan où les liens étroits entre la Fédération Française de Spéléologie et le FFCAM seront soulignés.

Différents clubs de la FFCAM proposent des activités d'initiation, de formation et de pratique.

Les différentes étapes de l'aventure souterraine

Il est possible de situer les différentes grandes périodes de l'exploration souterraine :

De 1850 à 1935 : révélation d'un monde inconnu, pour le décrire et le cartographier. Les initiatives sont des actions collectives, mais souvent seul l'organisateur bénéficie de l'attention des observateurs et de la presse.

Depuis 1935, avec l'arrivée d'alpinistes notoires dans la discipline, c'est le début de la spéléologie sportive. C'est l'exploration des grandes profondeurs par des expéditions lourdes. Moins de mise en avant d'une seule personnalité captant l'événement et occupant l'espace médiatique.

Depuis 1970, c'est le temps des expéditions légères, les déplacements le long de simples cordes.

En 1977, aux opérations d'envergure à la fois sportives et scientifiques, une activité de loisirs presque banale vient s'ajouter : « une spéléologie de visite pour le plaisir uniquement ».

Après 1995, c'est l'étage noyé qui se présente, les reconnaissances classiques des cavités sèches et mouillées sont maintenant bien répertoriées en Europe, les initiatives marquantes vont aller dans les massifs extra européens, où beaucoup restent à faire.

En France, en Europe et dans le monde, ce sont d'autres explorateurs qui pourront intervenir, les spéléologues-plongeurs qui vont pouvoir faire avancer la connaissance de l'étage noyé.

 

QUELQUES DATES MARQUANTES DES RECONNAISSANCES SOUTERRAINES DEPUIS 1940

Les initiatives des clubs de spéléologie seront si nombreuses, après la Seconde Guerre mondiale à nos jours, qu'il serait téméraire de n'en citer que quelques-unes et pas d'autres. Cependant, certains événements ont particulièrement marqué l'histoire de cette activité.

1941 - Première incursion dans les cavités de la Dent de Crolles

L'exploration souterraine des cavités de la Dent de Crolles (Chartreuse), par une équipe du Club Alpin de Lyon, comprenant Pierre Chevalier, Fernand Petzl et leurs camarades, est commencée en 1935. Elle est reprise durant l'occupation dans des conditions difficiles, en transportant parfois le matériel à bicyclette.
En 1941, la liaison entre le Trou du Glaz et la grotte du Guiers Mort est obtenue, par Pierre Chevalier et Fernand Petzl, assistés de trois camarades, le 8 août 1941. Après 22 interventions, pour une profondeur de -427m, neuf kilomètres de développement, et 1000m de puits descendus, dont 400m sont arrosés.

1946 - Seconde incursion dans les cavités de la Dent de Crolles

Achèvement de l'investigation des cavités de la Dent de Crolles. Cette seconde opération concernera le labyrinthe supérieur du réseau, pour aboutir en 1946 à la liaison entre le Trou du Glaz et la grotte Annette Bouchacourt. Ce qui permettait la traversée est-ouest de la montagne. Et ensuite la liaison entre l'ouverture P40, située à 1935m sur le plateau de la Dent de Crolles, point haut du réseau, et la grotte du Guiers Mort à 1332m d'altitude, est achevée. Durant les nombreuses incursions, les grottes Chevalier et Petzl seront ajoutés au bilan final. Au total, 52 interventions ont été nécessaires, et 859 h ont été passées sous terre, 16 km de galeries parcourues, 570 m de dénivellation, 1860 m de puits descendus, dont 500 m sont des puits arrosés.

Ce sera l'une des plus difficiles et audacieuses initiatives souterraines.

1947 - Le gouffre de la Henne-Morte

Le gouffre de la Henne-Morte (Haute Garonne) a été découvert par Josette Ségouffin et Marcel Loubens , jusqu'à -80m en 1940, exploré jusqu'à -293m par Casteret et Loubens en 1943.
En 1947, le Spéléo-club de Paris (qui a retrouvé son nom d'origine) entreprend l'exploration du gouffre, avec la participation de Casteret et de Loubens, avec de gros moyens et l'aide de l'armée. C'est l'occasion d'une première agitation médiatique concernant cette discipline.
En août 1947, un campement est implanté à -126m, où 16 hommes séjourneront, dont Casteret, Gaché, Ichac, Loubens et Trombe.
Utilisation d'une benne, avec un chapeau chinois, protégeant de la cascade d'eau du puits arrosé. Le siphon du bas à -358 m du gouffre est atteint par Casteret. En 1971, un réseau latéral viendra se rajouter.

L'ensemble prendra le nom de réseau Loubens.

1949 - La rivière souterraine de Padirac

Elle est explorée par Martel et compagnons en 1890 et 1896. Arrêt devant la Grande Barrière, elle est franchie en 1899 par Armand et Viré et compagnons. En 1900, Martel et compagnons s'avancent jusqu'à 2500m.
En 1938, une équipe se présente avec Guy de Lavaur, Robert de Joly et Germain Barrière, une prolongation est trouvée par la vire de Joly jusqu'à 3200m.
En 1947, la coloration de l'eau indiquera la fontaine St-Georges et la source du Lombard comme les exsurgences à 11 km de l'entrée.
1948 et 1949, une équipe du Spéléo-club de Paris, avec Guy de Lavaur, Robert de Joly, Félix Trombe et compagnons, progresse jusqu'à 6000m de l'entrée.
L'avancée souterraine sera poursuivie en 1963, par une équipe du Spéléo-club de Paris avec Max Couderc, qui atteint un siphon à 9200m de l'entrée, et explore l'affluent de Joly.
En 1983, un prolongement de l'affluent de Joly est trouvé et un gisement paléontologique et préhistorique fait basculer l'exploration spéléologique dans une expédition scientifique officielle en 1984 et 1985.

Depuis, le vaste réseau n'a cessé de s'agrandir et les spéléologues-plongeurs vont encore faire avancer l'emprise.
La jonction entre l'exsurgence de la Finou, le siphon aval de la rivière de Lavaur et le gouffre de Padirac est réussie en 1996, après cinq kilomètres de réseau dont trois kilomètres noyés.
 En 2014, la traversée de l'exsurgence Saint-Georges jusqu'au Gouffre de Padirac est réalisée.

1951 - Le gouffre de la Pierre-Saint-Martin

Le gouffre de la Pierre-Saint-Martin (Pyrénées atlantiques) est découvert par Georges Lépineux et aurait pu porter son nom, mais les événements en décideront autrement. En 1951, début des avancées jusqu'à -500m, où la rivière souterraine est découverte.

En 1952, durant une tentative organisée par Max Cosyns, avec Lépineux, Loubens et Tazieff, survient l'accident de Marcel Loubens, son agonie et sa fin. Il devra être enterré, pour un temps, au fond de la cavité.

Avec la présence dans l'équipe d'un communicant averti, l'accident sera relayé par presse mondiale et deviendra un événement d'édition considérable, qui sera ensuite accompagné par des conférences et un livre.

En 1953, découverte de la salle de la Verna -734m.
En 1954, le corps de Marcel Loubens sera finalement extrait de l'abîme et conduit vers une sépulture plus traditionnelle.
En 1956, un tunnel est percé par EDF, depuis le ravin d'Arphidia, permettant d'atteindre la salle de la Verna.
En 1965, le puits Parment est mentionné à -1006m, par rapport au puits Lépineux.
En 1965, découverte du gouffre de la Tête Sauvage à 1882 m, la rivière souterraine sera rejointe en 1966, et une profondeur annoncée du réseau de -1123m.
En 1966, traversée de Tête Sauvage jusqu'à la salle de la Verna.
En 1982, le gouffre du Pourtet, 2 058m fait progresser la profondeur à -1342m.

Le col de la Pierre Saint-Martin, par la notoriété acquise de ses « entrailles ténébreuses », est devenu un lieu touristique et une station de ski.

L'abîme de la Pierre-Saint-Martin, par le développement de son réseau, par ses performances chiffrées extraordinaires, et par son histoire (et son lot de polémiques), reste le site emblématique de l'activité.

1953 - Le gouffre Berger

Le plateau de Sornin (Isère) est exploré par le Spéléo-Groupe du Club Alpin de Grenoble, à la recherche du réseau souterrain alimentant les Cuves de Sassenage à 307m.
Le gouffre Berger, situé à 1460m, est découvert par Joseph Berger en mai 1953, des colorations montrent que l'écoulement souterrain communique avec la grotte des Cuves de Sassenage.

Le Spéléo-Groupe du Club Alpin organise une reconnaissance en automne 1953 jusqu'à -350m, le chemin de l'eau est rejoint à -250m.
En 1954, après un dépôt à -250m, un camp de base est installé à -490m, huit jours sont passés sous terre pour la cote de -700m, la profondeur record de -903m est atteinte le 27 septembre.
En 1956, le siphon à -1122m est rejoint en août, dans une opération d'envergure. Trois camps -500, -750 et -940m sont établis, 17 jours sous terre sont prévus, avec 3000 kg de matériels. C'est la première fois que la cote -1000m est dépassée.
Reprise de l'avancée en 1963 par des spéléo-plongeurs, le premier siphon de 70m est forcé (Ken Pearce). En 1967, un autre siphon de 20m est traversé (Ken Pearce). En 1968, les plongeurs du Spéléo-club de la Seine (Léger et Dubois) atteignent -1141m.
Plus tard de nombreuses entrées seront ajoutées. Trois autres siphons sont franchis en 1982, pour une cote de -1248m.

En 1990, la profondeur du gouffre du Berger en partant d'une entrée amont, depuis le scialet de la Fromagère atteint -1271m.

1958 - Les expéditions spéléologiques dans le réseau du Marguareis

C'est la Section des Causses et Cévennes du Club Alpin qui effectue, en 1951, les premières recherches vers les nombreux gouffres du karst du Marguareis (Alpes-Maritimes et Italie), déjà repérés en 1897. Les différentes initiatives vont aller de 1952 à 1958, par plusieurs groupes spéléologiques du Club Alpin : Dijon-Millau-Nice et Paris, auxquels s'ajoutent des équipes anglaises et italiennes.

Le développement du réseau du Marguareis ne faisait que débuter…

1965 - L'aven d'Orgnac-Issirac

L'aven d'Orgnac-Issirac (Ardèche), découvert et exploré partiellement en août 1935, connaît un développement gigantesque en 1965.

1970 - Le gouffre Lonné Peyret

La descente du gouffre Lonné-Peyret (Pyrénées atlantiques), en novembre 1970 jusqu'à -716m, est un événement dans l'histoire de la spéléologie, avec le déplacement sur simples cordes.
C'est une équipe grenobloise et toulonnaise qui réalise la descente en équipant l'escarpement de cordes fixes, et en remontant à l'aide de dispositifs autobloquants et de l'auto-traction.

Une première de cette façon en France.

2001 - Le réseau Trombe

C'est la réunion de plusieurs cavités, proches du village d'Herran (Haute-Garonne), pour former l'un des réseaux les plus étendus de France. D'abord l'investigation de plusieurs gouffres : Pèneblanque (1876/1908/1953/1961), Pont de Gerbeau (1930), Henne-Morte (1939/1947), Mile (1956), Pierre (1956) Vent (1957), Raymonde (1947).

Et en 1956, la coloration de la perte du gouffre Mile se retrouve dans la résurgence du Goueil di Her.

Ensuite les liens entre ces entrées ont été peu à peu reconnus, pour aboutir à la grande traversée du puits de l'If, -1398m, au gouffre de Pèneblanque, -915m en 1974. Puis en 2001, la traversée complète est obtenue, depuis le gouffre de la Coquille, -1509m jusqu'à la résurgence du Goueil di Her, -491m, soit -1018m.

 Ce travail a été rédigé par un observateur attentif des engagements des spéléologues, les corrections, améliorations et précisions venant des familiers du monde souterrain sont les bienvenues. CD

 

LES SUITES DE LA CHRONOLOGIE DE CE DOSSIER DEVRONT ÊTRE AJOUTÉES ULTÉRIEUREMENT

 

 

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Notamment dans les différentes publications :

- Les Annuaires du CAF, de 1874 à 1903.
- Les Bulletins du CAF, de 1876 à 1903.
- La Montagne, de 1904-1905 à 1954.
- Alpinisme, de 1925 à 1954.
- La Montagne & Alpinisme, depuis 1955.
- Les Annales du GHM, de 1955 à 2001 et Cimes, de 2002 à 2015.

Les livres constituant la bibliothèque de la FFCAM sont tous référencés.

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 - Les Annuaires du CAF, de 1874 à 1903, consultables sur le site de la Bibliothèque nationale : http://gallica.bnf.fr
- Voir aussi : www.archive.org et utiliser le mot clé : club alpin français.
- Les Bulletins du CAF, de 1876 à 1903, consultables sur le site de la Bibliothèque nationale : http://gallica.bnf.fr
- La Montagne, de 1904-1905 à 1954, consultables sur le site de la Bibliothèque Nationale : http://gallica.bnf.fr
- La Montagne & Alpinisme, depuis 1955, consultables sur le site de la Bibliothèque nationale : http://gallica.bnf.fr
- Enfin, Alpinisme, de 1926 à 1954, accessibles sur le site du GHM, avec Les Annales du GHM (1955-2001) et Cimes (2002-2015).