Les archives Lucien Devies

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Préambule

Au cœur de la pratique alpine, un homme a joué pendant cinquante ans un rôle majeur : Lucien Devies (1910-1980).

Alpiniste de premier plan avant la Seconde Guerre mondiale, il a conduit de 1930, et jusqu'en 1974 l'alpinisme français, le portant au plus haut niveau international. Personne n'a oublié ses actions essentielles pour l'organisation de l'ascension de l'Annapurna en Himalaya, le premier sommet de plus de 8000 mètres atteint par les hommes, puis du Makalu et autres Jannu... Mais il a surtout beaucoup agi dans l'intérêt supérieur du Club Alpin et du monde de la montagne.

Lucien Devies, ancien président de la Fédération Française de la Montagne, du Club Alpin Français, du Groupe de Haute Montagne a donc été au carrefour de toute la vie alpine française de 1930 à 1974 (voir les dossiers du CFD : Un historique de la FFCAM de 1915 à 1940 et de 1941 à 1974).

Deux documents rappellent ses actions :

<  Hommage à Lucien Devies. Plaquette éditée par le CAF, la FFM et le GHM, 1980.
Lucien Devies, La montagne pour vocation. Ouvrage coordonné par Olivier Hoibian. Édition L'Harmattan, 2004.

Un intérêt précoce pour la montagne et l'alpinisme

Dès ses jeunes années au lycée Janson de Sailly, Lucien Devies montre un grand intérêt pour l'histoire de la montagne, puis pour les montagnes, lauréat pour la géographie du prestigieux Concours général. Exposant au Salon de l'École française du Grand Palais où il peut proposer ses dessins de montagne, le début d'une grande passion qui l'accompagnera au long de sa vie.

La plaquette à la mémoire de Lucien Devies

En 1980, notre publication La Montagne & Alpinisme rendra un juste hommage à celui qui, après avoir été un alpiniste novateur et audacieux, mènera pendant quarante ans les affaires du monde de la Montagne et de ses structures...

Le Groupe de Haute Montagne, le Club Alpin Français, la Fédération Française de la Montagne et la Société de Transports et Manutentions Industriels réuniront, dans la plaquette « Lucien Devies », un ensemble de témoignages rappelant son œuvre : l'alpiniste de haut niveau, l'écrivain de montagne, le dirigeant de l'alpinisme français et le chef d'entreprise industrielle.

Au travers de certains témoignages se dessine l'immense passion pour la montagne qui a conduit sa vie.

Parmi les textes publiés, ceux d'Yves Letort et de Louis Neltner apporteront de précieuses informations.

Le livre Lucien Devies, la montagne pour vocation.

Après un colloque organisé par le Comité Scientifique de la FFCAM en 2003, l'intense demandait à Olivier Hoibian de coordonner un ouvrage relatant l'action exceptionnelle de Lucien Devies, en reprenant les différentes interventions présentées. Un livre publié aux éditions L'Harmattan en 2004.

Les liens inventés, souvent suggérés, de Lucie Devies vis-à-vis d'une certaine idéologie du siècle dernier

Il est pénible de trouver rattaché Lucien Devies à une certaine idéologie du siècle dernier dans le seul but de tenter de créer une polémique pour vendre des livres.

C'est la réflexion de Gaston Rébuffat des années 1940, en exprimant un ressenti inapproprié de « légère nazification », reprise par Yves Ballu dans l'un de ses livres, qui est le départ des dérapages, et qui viennent, au fil du temps, en suspicions inacceptables.

Un jeune Rébuffat qui aurait mérité de se faire tirer l'oreille, pour cette inconvenance, pour cette insulte. Les archives montrent pourtant des courriers et un assaut d'attentions de Gaston pour obtenir son admission au GHM et rechercher des appuis pour obtenir des entrées dans les circuits de conférence sur la montagne et les faveurs des autorités de l'époque…

Ensuite, les suspicions, sans fondement, se sont renouvelées au fil du temps, pour se terminer par une bourde involontaire du GHM dans le livre "Grand alpinisme".

Si l'on veut s'informer, lire les articles : « Alpinisme et nationalité » dans la revue Alpinisme de 1939, et dans La Montagne, l'écrit : « Eiger et Walker », des textes de la main de Lucien Devies, repris dans un dossier du CFD.

« Il faut remarquer qu'Heckmair et les Schmid sont de la même génération. Et j'ai suffisamment rencontré de Munichois en montagne pour n'avoir aucune illusion à leur sujet : ils étaient presque tous, sinon tous nazis. Aucune différence sérieuse entre les Schmid et Heckmair. Pas de césure entre la face nord du Cervin et la face nord de l'Eiger quant à la conception et la réalisation. La différence n'existe que dans la présentation après coup ; parce qu'entre les deux courses, les nazis avaient pris le pouvoir. Aussi, la "propagande" a-t-elle pu exploiter l'Eiger à sa manière, bien sûr affreuse. C'est là que gît la différence, mais pas entre les protagonistes ».

Et quand en 1947, une cordée suisse reprend l'itinéraire tant décrié en 1938, Lucien Devies demande aux Suisses leur opinion sur cette nouvelle performance :

« Voit-on dans cette réussite un beau succès, un grand exploit, ou une course horrible et condamnable comme celle de 1938 ? ».

Les Suisses, par l'intermédiaire du bulletin du CAS, vont laisser entendre perfidement que Lucien Devies approuvait la conception alpine des nazis.

Sa lettre du 10 mars 1948, au rédacteur en chef de la revue Les Alpes, demandant un droit de réponse, apporte une mise au point cinglante (avec le soulignement de l'auteur) : 

« Je ne puis accepter, comme vous l'avez fait entendre, que j'approuve l'esprit d'orgueil nationaliste, de supériorité raciale, de compétition mesquine et inhumaine, qu'en somme, j'ai de la sympathie pour ce qu'était le nazisme, alors que tout cela me fait naturellement horreur. Je réprouve au moins autant que vous les horreurs nationalistes visées plus haut.

Non, aucun de mes écrits n'autorise de pareilles conclusions, et me prêter des sentiments semblables, c'est vraiment déformer ma pensée, et le mot déformer est bien faible ».

On constatera que certains ont voulu transformer une explication éclairée en accusation fallacieuse.

LE FONDS D'ARCHIVES LUCIEN DEVIES

  • Ce fonds d'archives provient :

<  d'un premier dépôt fait au Centre de Documentation du Club Alpin, par sa famille dans les années 1980.
<  d'un second dépôt, provenant d'archives familiales durant l'année 2002.
<  d'archives conservées par le Centre de Documentation de la FFCAM, avec en complément des documents issus des archives du Groupe de Haute Montagne et d'archives de Claude Deck, ancien président du Groupe.

Le travail d'archivage, de classement et de nomenclature a été demandé par Jacques Malbos, ancien président du Club Alpin et alors président du Comité Scientifique de la FFCAM. Il a été réalisé par Claude Deck qui a achevé le travail en mars 2003, en respectant les différents thèmes et la méthode de classement adoptés par l'auteur lui-même.

En 2004, les archives ont été mises sous forme électronique par le Comité scientifique, sous la responsabilité d'Yves Peysson et avec l'accord de la famille Devies.

Ce travail considérable a été réalisé techniquement par Emmanuel Nadal, passionné d'histoire et de montagne… L'ensemble du fonds, après numérisation, a été restitué à la famille.

Plus de 8500 documents sont donc maintenant accessibles aux personnes souhaitant approcher dans le détail ce moment d'histoire courant de 1930 jusqu'en 1980.

CONSULTATION DU FONDS D'ARCHIVES

Le fonds d'archives est consultable, après demande préalable, au Centre Fédéral de Documentation de la FFCAM, sous la forme d'une série de CD.

Les copies du carnet de courses de Lucien Devies et de ses carnets de chroniques n'ont pas été mises sous forme électronique. Elles peuvent être compulsées au Centre Fédéral de Documentation de la FFCAM.

Un témoignage direct

Devant les tentatives diverses et variées de récupération à des fins d'édition et de controverses tournées vers celui qui a marqué avec autant de conséquences le monde de la montagne, un témoin direct de ces années-là, au titre d'ancien membre des comités directeurs du GHM et du Club Alpin, membre du comité de l'Himalaya, peut souligner la grande rigueur et compétence de notre ancien dirigeant.

Il est faux de laisser penser que Lucien Devies agissait en autocrate au sein de ses nombreuses fonctions, c'est commode pour animer les polémiques, mais ce n'est pas la réalité. Il agissait avec un profond respect de chacun, pour conduire les différents organismes qui lui avaient été confiés. Il savait écouter et tenir compte des avis. Il a toujours agi d'une façon totalement désintéressée et avec une grande humanité, en privilégiant l'intérêt général.

La grande dignité qu'il avait montrée, lorsqu'il s'était démis de ses responsabilités dans la vie associative en 1973, ajoute à un crédit qu'il convient de connaître, de reconnaître et de tenir compte.

De sa main, dans un courrier privé des années mil neuf cent cinquante, ces quelques lignes situent l'homme de rigueur et le travailleur acharné au service de la montagne : « ... me voici rivé une fois de plus à ma table de travail... Vous ne pensez pas à ce qu'est actuellement mon existence, le secrétariat de la FFM et du CAF est débordé, les dévouements bénévoles sont rares et insuffisants, mes activités professionnelles sont de plus en plus lourdes et absorbantes... Je dois fournir un effort de travail qui ne pourra plus se prolonger longtemps sans compromettre ma santé... ».

L'ensemble des témoignages réunis en 1980 dans la plaquette « Lucien Devies », rappelant son œuvre, permet d'approcher l'alpiniste de haut niveau, l'écrivain de montagne, le dirigeant de l'alpinisme français et le chef d'entreprise industrielle.

CONSULTATION

La plupart des textes concernant l'historique de la montagne et de la FFCAM sont disponibles au Centre fédéral de documentation de la FFCAM,  24, avenue de Laumière, 75019 Paris.

Notamment dans les différentes publications :

- Les Annuaires du CAF, de 1874 à 1903.
- Les Bulletins du CAF, de 1876 à 1903.
- La Montagne, de 1904-1905 à 1954.
- Alpinisme, de 1925 à 1954.
- La Montagne & Alpinisme, depuis 1955.
- Les Annales du GHM, de 1955 à 2001 et Cimes, de 2002 à 2015.

Les livres constituant la bibliothèque de la FFCAM sont tous référencés.

Concernant la personnalité et l'œuvre de Lucien Devies, nombreuses publications - livres et articles - consacrées.

Voir particulièrement :

<  Hommage à Lucien Devies, plaquette citée en préambule.
Lucien Devies - La montagne pour vocation. Ouvrage cité en préambule.
Lucien Devies - La montagne pour vocation - La Montagne & Alpinisme, n°3/2007.
La chronique alpine, un siècle d'information - La Montagne & Alpinisme, n°4/2004.
Les grandes heures du Comité de l'Himalaya - Annales du GHM 2000.
L'œuvre écrit du GHM - Cimes 2007.

CONSULTATION EN LIGNE

Accès aux références
Vous pouvez consulter en ligne le catalogue du CFD avec un accès aux références pour l'ensemble des articles des périodiques et pour les livres.

Il suffit de saisir un mot caractéristique ou un des mots clés d'un ouvrage recherché, dans l'un des champs appropriés (auteur, titre, sujet, année d'édition) et vous aurez accès aux références.

Accès aux publications

Vous pouvez rechercher en ligne les titres suivants :

 - Les Annuaires du CAF, de 1874 à 1903, consultables sur le site de la Bibliothèque nationale : http://gallica.bnf.fr
- Voir aussi : www.archive.org et utiliser le mot clé : club alpin français.
- Les Bulletins du CAF, de 1876 à 1903, consultables sur le site de la Bibliothèque nationale : http://gallica.bnf.fr
- La Montagne, de 1904-1905 à 1954, consultables sur le site de la Bibliothèque Nationale : http://gallica.bnf.fr
- La Montagne & Alpinisme, depuis 1955, consultables sur le site de la Bibliothèque nationale : http://gallica.bnf.fr
- Enfin, Alpinisme, de 1926 à 1954, accessibles sur le site du GHM, avec Les Annales du GHM (1955-2001) et Cimes (2002-2015).